Les aspects moins connus du travail de potier
Le public assiste souvent à des démonstrations de tournage par des potiers (des journées de démonstrations sont par exemple organisées un dimanche par mois au Centre des Métiers d’Art la Spirale à Natoye : www.laspirale.be). Que se passe-t-il une fois la pièce tournée ? Elle sera tournassée, c’est-à-dire que je l’achèverai quand elle est à moitié sèche, notamment en travaillant, au moyen d’un tournassin, le fond de la pièce qui était inaccessible au moment du tournage. C’est aussi le moment de signer la pièce.
Et ensuite ? Quand les pièces sont entièrement sèches, je les ponce pour enlever les petites bavures qui peuvent être restées sur la terre et les cuis une première fois à 900 degrés, soit pendant 9 heures… et deux jours d’attente pour le refroidissement du four.
Quand je peux ouvrir le four, je classe les pièces selon l’émail que je veux appliquer sur chacune et les passe à la soufflette pour enlever les poussières de terre cuite qui empêcheraient l’émail d’adhérer.
J’attaque ensuite l’émaillage. L’émail que j’ai créé moi-même ressemble à une sorte de pâte à crêpes (dont la couleur n’a rien à voir avec la couleur finale après cuisson) que j’applique au pistolet de carrossier. Sous la pression de l’air, il arrive sur la pièce sous forme de poudre. Il s’agit de rester concentrée car il ne faut pas laisser des espaces sans émail ou en envoyer trop à certains endroits ; en outre, certains émaux présentent des effets très différents selon que la couche est plus ou moins épaisse. Un bel émaillage est donc le résultat d’une longue expérience et il faut connaître ses émaux.
Une fois l’émaillage terminé, je peux remplir le four. Opération délicate car les pièces ne peuvent absolument pas se toucher (sans quoi, l’émail fondant pendant la cuisson, elles resteraient définitivement collées les unes aux autres) et il faut les ranger de telle sorte que le four se remplisse au mieux. Commence alors la deuxième cuisson : 1250 degrés en 13 heures et trois jours de patience pour pouvoir ouvrir le four quand il est suffisamment refroidi (à 150 degrés environ).
Dernière étape chez nous : l’intervention d’Albert pour terminer les pièces qui nécessitent un complément en bois tourné, comme les théières ou les tasses. Encore du travail et de la patience le temps du séchage… Et enfin, nous pouvons vous présenter nos créations.